ØExcellence Monsieur le Président de la République de Côte-d’Ivoire, Cher Aîné et Président de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ;
Ø Madame la Première Dame de la République de Côte-d’Ivoire ;
ØMadame la Première Dame de la République du Bénin ;
ØMesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
ØMesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
ØHonorables Députés à l’Assemblée Nationale ;
ØMesdames et Messieurs les Représentants des Missions diplomatiques accréditées au Bénin ;
ØMesdames et Messieurs les Représentants Résidents du Système des Nations Unies au Bénin ;
ØMesdames et Messieurs les Experts en charge de la promotion des Droits humains et du Genre ;
ØMesdames et Messieurs les Représentants des ONG humanitaires et Organisations de la Société Civile ;
ØChères mamans ;
ØChères Sœurs ;
ØChères filles ;
ØHonorables Invités ;
ØMesdames et Messieurs.
En union de cœur avec la communauté internationale, notre pays, le Bénin, célèbre ce jour, vendredi 8 mars 2013, la Journée Internationale de la Femme, instituée en hommage à nos mères, à nos épouses, à nos sœurs et à nos filles, véritables pierres angulaires de toute société.
Cette année, la commémoration de la Journée Internationale de la Femme dans notre pays revêt un cachet particulier avec la présence, à nos côtés, de mon frère aîné bien aimé et ami, Son Excellence Docteur Alassane OUATTARA, Président de la République sœur de Côte d’Ivoire, Président en exercice de la CEDEAO, en visite d’Etat au Bénin, accompagné de son épouse, notre très chère sœur, ma Belle-sœur Dominique OUATTARA.
En votre nom à tous et au nom de la Nation, je voudrais souhaiter la bienvenue à nos illustres hôtes et leur exprimer notre reconnaissance pour avoir spontanément accepté de prendre part à ces manifestations commémoratives dans un esprit de solidarité et de fraternité.
C’est le lieu de renouveler de vive voix à mon Cher frère aîné les félicitations de la Nation béninoise pour la confiance renouvelée en lui par mes Chers Collègues et moi-même en le reconduisant à la tête de notre Organisation sous régionale, la CEDEAO, aujourd’hui à la croisée des chemins.
Dans un contexte marqué par des défis majeurs en matière de sécurité et de paix, votre choix témoigne, si besoin en était encore, de la reconnaissance de vos hautes qualités d’homme d’Etat, ainsi que votre leadership pour assumer cette lourde et exaltante mission.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Cher aîné,
Mesdames les Premières Dames,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, l’institution de la Journée Internationale de la Femme est la concrétisation de la prise de conscience, par la communauté mondiale, sur la nécessité de libérer les femmes des pesanteurs sociologiques et mentales en vue de promouvoir leur dignité, leur épanouissement et leur rôle incontournable dans l’évolution qualitative de la société.
A cet effet, il est proposé cette année à notre réflexion et à notre méditation le thème : « une promesse est une promesse. Il est temps d’agir pour mettre fin à la violence contre les femmes »
Ce thème interpelle nos consciences et vise à renforcer l’engagement de la communauté internationale à mettre fin à la violence contre les femmes sous toutes ses formes.
Dans son acception onusienne, la violence faite aux femmes, est définie comme « tout acte dirigé contre le sexe féminin quel que soit son âge et lui causant ou pouvant lui causer un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
La violence se produit partout, sans égard pour la classe sociale, l’origine ou la culture. Elle fait ainsi obstacle à la réalisation des objectifs d’égalité, de développement et de paix. Elle constitue donc une violation des libertés et des droits fondamentaux des femmes.
Vous convenez donc avec moi que ces violences ont des conséquences néfastes sur la santé de la femme, sur ses capacités d’action dans le développement familial, local et national.
Ainsi, aujourd’hui dans le monde et selon les statistiques de l’Organisation des Nations Unies :
· 50% des agressions sexuelles sont commises sur des filles de moins de 16 ans ;
· Environ 600 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n’est pas considérée comme un crime ;
· 70% des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles au moins une fois au cours de leur vie.
Au Bénin, selon une étude réalisée en 2010, près de 69% des femmes ont subi au moins une fois dans leur vie, des violences, juste parce qu’elles sont femmes. Les plus récurrentes de ces violences sont physiques, morales et économiques. Elles altèrent ainsi l’intégrité corporelle, désintègrent les familles, engendrent l’enfance malheureuse, aggravent la pauvreté et freinent le développement.
Face à ce constat, mon pays, le Bénin, en application des dispositions de la constitution du 11 décembre 1990 qui consacre l’égalité de tous sans distinction de sexe, a renforcé l’environnement juridique en faveur de la protection et de la garantie de la dignité de la femme à travers plusieurs textes de loi dont la loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes.
C’est le lieu de remercier sincèrement, au nom du Peuple béninois, la Représentation Nationale, les Partenaires Techniques et Financiers, les Organisations de la Société Civile pour leur contribution de qualité à l’adoption et à la vulgarisation de cet important instrument juridique en faveur des femmes.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Cher aîné,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Aucune solution durable aux problèmes sociaux, économiques et politiques les plus pressants de la société ne peut être trouvée sans la pleine implication et l’intégration de la femme au processus de production.
C’est pourquoi, au-delà de la question des violences, la journée de la femme nous donne l’occasion de réfléchir sur la problématique générale de la promotion, de la protection et de l’émancipation de la femme en tant que personne humaine et actrice du développement.
Il s’agit là d’une cause universelle car les disparités entre hommes et femmes persistent encore partout et appellent des actions concrètes et efficaces de la part des décideurs. Nous devons donc travailler à la défense des droits fondamentaux de la femme pour réduire les inégalités en donnant aux femmes les moyens de s’affirmer.
Ainsi, pour donner à la femme sa dignité en reconnaissance de la place centrale qu’elle occupe au sein de la famille et de la société, mon gouvernement, conscient de son rôle de premier plan dans cette lutte, n’a cesse de multiplier les initiatives.
Ainsi, en vue du renforcement du cadre institutionnel, il a été procédé à l’adoption d’une Politique Nationale de la Femme assortie d’un plan d’actions, à la création d’un Institut National de Promotion de la Femme et à la création d’un Conseil National de Promotion de l’Equité et de l’Egalité du Genre chargé de doter toutes les structures publiques et les administrations locales de Cellules Focales devant veiller à la prise en compte du genre dans les politiques et programmes de développement. Par ailleurs, il est à noter l’intégration du genre dans les différentes générations de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.
Dans le domaine de la santé, nous reconnaissons que les femmes demeurent encore confrontées à de multiples difficultés. Cependant, des actions ont été menées par mon gouvernement notamment :
- la mesure de la gratuité de la césarienne prise depuis plusieurs années et ayant permis de réduire le taux de mortalité infantile et maternelle contribuant ainsi à éviter que la femme ne perde la vie en voulant la donner ;
- la gratuité des soins de santé contre le paludisme en faveur de la mère et de la petite enfance ;
- la mise en œuvre prochaine du Régime d’Assurance Maladie Universelle dont les femmes, en raison de leur vulnérabilité, seront les grandes bénéficiaires.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
La clé de voûte de la lutte pour la promotion et la protection de la femme réside dans sa capacité à s’affranchir de l’ignorance. C’est pour cette raison que mon gouvernement s’est en priorité consacré depuis plusieurs années à la question primordiale de la gratuité de l’enseignement en général et de la scolarisation des filles en particulier, puisque comme vous le savez « éduquer une fille, c’est éduquer toute une nation ».
Fort de cette conviction, dans le secteur de l’éducation, mon gouvernement a déclaré gratuit les frais d’inscription dans les écoles publiques, maternelles et primaires. Cette mesure a été étendue au premier cycle de nos collèges et lycées au profit des filles. Bientôt, cette gratuité s’étendra également à toutes les filles du second cycle.
Ces différentes mesures ont contribué à soulager les parents d’élèves et à augmenter le taux de scolarisation.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs ;
En dépit de leur place centrale au sein de la famille et de la société, nous constatons que les femmes continuent de subir la dépendance économique.
Mais comme vous le savez le développement harmonieux d’une nation passe par une meilleure intégration de la femme dans le tissu économique et une juste rémunération de son travail.
Aussi, pour faciliter l’accès des femmes aux facteurs de production, mon gouvernement s’est-il résolument engagé à promouvoir entre autres la microfinance à travers le Programme de Micro-Crédit aux Plus Pauvres afin de leur offrir l’opportunité de participer à la production de la richesse nationale et favoriser ainsi leur autonomisation.
Grâce à ce programme, bon nombre de femmes s’investissent aujourd’hui dans des activités génératrices de revenus et jouissent d’une autonomie financière relative qui leur permet de sortir progressivement de la précarité.
Au titre de cette année, mon gouvernement entend renforcer le Programme de Micro crédit aux Plus Pauvres par un financement additionnel de deux (02) milliards de FCFA afin d’accroître le nombre de bénéficiaires dans la perspective d’atteindre plus de deux millions de femmes impactées d’ici la fin de l’année.
De même, pour faciliter l’accès des plus pauvres aux produits de grande consommation, mon gouvernement poursuivra sa politique de boutiques témoins sur toute l’étendue du territoire national.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Malgré tous ces efforts consentis par le gouvernement en faveur de l’épanouissement de la femme, des disparités persistent et appellent de notre part plus de volonté, d’engagement et de détermination afin de renforcer notre lutte pour la promotion de la femme.
Le premier défi qui nous interpelle dans la voie de cet engagement est de pouvoir impliquer davantage les femmes dans les hautes instances de prise de décision.
Dans cette optique, mon gouvernement va œuvrer à l’aboutissement de toute initiative visant des réformes au profit des femmes en matière de gouvernance politique, économique et sociale. A cet effet, il continuera son plaidoyer en faveur de la loi sur la parité en vue de doter notre pays d’un instrument juridique qui lui permettra de mettre effectivement en œuvre le principe de parité dans les fonctions électives et nominatives.
Pour accompagner cette volonté de donner aux femmes la chance d’être davantage impliquées dans les hautes instances de décisions, il est indispensable de leur permettre d’accéder à des formations de qualité.
A cet effet, je voudrais me féliciter du partenariat de l’Université d’Abomey-Calavi avec le Programme des Nations Unies pour le Développement et le Centre de Recherche pour le Développement International du Canada (CRDI) en vue de l’institution d’un programme de formation pour toute l’Afrique francophone et portant sur « Genre et Gestion de politiques ».
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Le second défi que je voudrais partager avec vous est celui de la promotion du leadership féminin.
Pour éradiquer les violences faites aux femmes, il nous faut mener un véritable combat qui a plusieurs facettes. Nous avons préconisé et menons, comme nous l’avons déjà indiqué, la lutte pour la dignité de la femme, pour son intégration économique, son émancipation politique et pour son accès à l’éducation à égalité avec l’homme.
Nous devons persévérer dans ces différents combats qui contribueront à affirmer et renforcer le leadership de la femme dans nos sociétés.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Le troisième défi est l’instauration de nouvelles valeurs au sein de notre société.
Ce défi est en rapport avec la perception que notre société a de la femme. Il implique des changements de mentalité tant du côté des femmes que de celui des hommes aussi bien au plan traditionnel qu’éducationnel.
Il s’agit ici des comportements qui entravent la libération des femmes dans tous les domaines.
En effet, des siècles de domination, d’exploitation de la femme par l’homme ont moulé celle-ci et lui ont inculqué des réflexes de soumission et des complexes qui l’ont inhibée. C’est pourquoi, dans nos foyers comme dans nos écoles, l’éducation doit permettre de briser chez la femme les complexes d’infériorité et de culpabilité enfouis en elle. Ce faisant, notre société parviendra à promouvoir une femme béninoise libre, responsable, débarrassée de tout complexe à l’égard de l’homme et capable de lutter pour ses droits et de les défendre. Ainsi, nous construirons une société harmonieuse où hommes et femmes pourront véritablement vivre en complémentarité.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Le quatrième défi est celui de l’implication de la femme dans la gouvernance locale.
De par sa nature, le pouvoir local est un pouvoir de proximité et ne peut s’exercer sans la participation active des femmes. Certes, les femmes participent au développement local par leur contribution de qualité notamment aux activités agricoles et à l’animation des marchés locaux. Mais il s’agira désormais de les responsabiliser pour promouvoir une meilleure gouvernance locale et une gestion efficiente des ressources locales dans le cadre de la lutte contre la corruption ; l’objectif étant de renforcer le contrôle citoyen.
En zone rural, les femmes, en plus de leur rôle de femme au foyer, jouent également un rôle de leadership dans les activités agricoles. Aussi, mon gouvernement prend l’engagement de réduire la pénibilité de leur travail en favorisant leur accès au foncier, à l’eau, au logement et à la mécanisation agricole. Mon gouvernement poursuivra également les programmes de réhabilitation des pistes rurales, de diversification et de transformation des produits agricoles pour plus de valeur ajoutée. Toutes ces actions sont menées dans le souci d’éliminer les exclusions et de réduire les inégalités. Une attention particulière sera également accordée aux actrices des autres corps de métier.
A cet égard, je lance un appel à tous les partis politiques afin qu’ils tiennent compte de l’aspect genre dans la confection des listes de leurs candidats à l’occasion de toutes les consultations électorales.
Néanmoins, comme vous vous en doutez, le relèvement des défis que je viens d’évoquer requiert un engagement plus soutenu de la part des femmes. En effet, mes chères sœurs, est-il encore besoin de vous rappeler que ces droits humains auxquels vous aspirez légitimement ne vous seront pas octroyés sans votre ferme détermination à les conquérir de hautes luttes et ceci contre vents et marrées. Soyez déterminées et vous y arriverez.
Mon gouvernement, pour sa part, sera toujours à vos côtés dans ce combat quotidien afin d’examiner et mettre en œuvre avec vous toutes les initiatives à même de concourir à votre émancipation, à votre épanouissement et à la conquête de la place qui doit être la vôtre au sein de notre société.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Je suis convaincu que nous sommes en mesure collectivement de relever tous les obstacles qui entravent l’émancipation intégrale de la femme. Aussi voudrais-je suggérer en cette heureuse occasion aux Premières Dames ici présentes, de se joindre à leurs sœurs des autres pays de notre sous-région pour qu’ensemble, elles réfléchissent sur la mise en place d’un cadre de concertation et d’échanges sur les problématiques liées à l’autonomisation, à la promotion, à la protection et à l’épanouissement de la femme au sein de notre espace communautaire.
D’ores et déjà, et à ce titre, je recevrai à déjeuner au Palais de la Présidence les représentantes des femmes entrepreneuses dans tous les secteurs de la vie économique et sociale de notre pays.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Cher aîné,
Mesdames les Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Je reste persuadé avec Monsieur Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies que, citation «il y a une vérité universelle, applicable à tous les pays, cultures et communautés : la violence à l’égard des femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable». Fin de citation.
Il me plaît pour terminer de lancer un appel aux acteurs gouvernementaux, à la classe politique, à la société civile, aux organisations des femmes, d’hommes, de jeunes, au secteur privé, aux médias et aux Partenaires au développement, afin que tous, unis nous luttions contre le fléau des violences faites aux femmes.
Vive la Journée Internationale de la Femme !
Vive la femme béninoise !
Vive la promotion de la paix !
Bonne fête à nos Premières Dames !
Bonne fête à toutes et à tous !
Vive la coopération sous-régionale et internationale !
Je vous remercie.