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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 09:11

 

REPUBLIQUE DU BENIN

 

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

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Allocution 

de son Excellence Docteur Boni YAYI, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement,

a la 181e session du Conseil
Executif de l’UNESCO

«La crise financière, l’Afrique et l’Unesco»

 

 

Paris, le 20 avril  2009

 ·        Monsieur le Président de la Conférence Générale,

·        Monsieur le Président du Conseil Exécutif,

·        Monsieur le Directeur Général de l’UNESCO,

·        Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

·        Mesdames et Messieurs les membres du Secrétariat,

·        Honorables et Distingués invités,

·        Mesdames et Messieurs,

 Je me réjouis de me retrouver, à l’occasion de la 181e session du Conseil Exécutif, devant cette auguste Assemblée constituée d’éminentes personnalités, Ambassadeurs et Chefs de mission d’observation accrédités auprès de l’UNESCO, haut lieu du savoir, de la science et de la culture.

 A cet égard, j’aimerais, avant tout propos, exprimer ma profonde  gratitude à vous, Monsieur le Président du Conseil exécutif ainsi qu’à vous, Monsieur le Directeur Général, pour l’aimable invitation conjointe que vous avez bien voulu m’adresser. Votre démarche concertée traduit l’harmonie des relations entre les deux organes de notre Organisation, sous l’œil approbateur du Président de la Conférence générale, Son Excellence l’Ambassadeur Georges ANASTASSOPOULOS, dont la sagesse nous vient de la Grèce antique.

 Je voudrais également adresser mes remerciements à vous, Mesdames et Messieurs les experts du Secrétariat des Délégations Permanentes et des Missions d’observation et à vous tous qui animez la vie de notre grande Institution, en contribuant au quotidien à l’avènement d’une paix durable fondée sur l’éducation, la science, la culture ainsi que sur la solidarité intellectuelle et morale entre les peuples. 

Mesdames et Messieurs,

 Vous le savez, la vie des hommes et des nations est ponctuée d’événements, tantôt heureux, tantôt difficiles. L’histoire de l’humanité est faite de successions de progrès prodigieux et de crises diverses. Le monde traverse actuellement une crise des plus graves depuis celle de 1929. Les turbulences qui ont secoué les principales places boursières internationales au cours de l’année 2008 témoignent de l’étendue de la catastrophe.

La crise financière internationale dite des «subprimes», qui s’est rapidement muée en crise économique mondiale, provoque un choc et des tensions d’une rare intensité à tous égards, tant au plan socio-économique et institutionnel, que de la gouvernance mondiale. Aussi, ai-je accepté de vous entretenir sur le thème «La crise financière, l’Afrique et l’UNESCO». Je voudrais en effet partager avec vous, quelques réflexions sur les leçons que l’Afrique et l’UNESCO peuvent tirer de cette crise ainsi que sur les valeurs de la culture africaine qui peuvent servir de fondement à la communauté internationale pour en limiter les effets.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 Les analyses présentées au cours du Forum que le Directeur général a eu la bonne fortune d’organiser récemment me dispensent, vous en convenez, de m’étaler sur les causes, les origines ainsi que les manifestations de la crise. Néanmoins, je puis affirmer que cette crise, née de la désarticulation du système financier international de l’économie mondiale, d’un manque de transparence sur la situation bilancielle des banques et d’une insuffisante régulation, s’installe de façon pernicieuse dans la durée, en dépit de la réaction plus qu’énergique des pays développés du G8.

 Certes, des institutions ont vocation  à assurer la surveillance du système financier international, à anticiper et à prévenir les situations critiques de cette nature. Elles n’ont pas su malheureusement nous en préserver, au point où l’on est tenté de conclure à leur essoufflement, à l’inadéquation de leurs outils d’analyse ou de leurs systèmes d’alerte.

 Par voie de conséquence, il apparaît nécessaire pour la communauté internationale, de procéder à des réformes en profondeur du système financier international, en renforçant la régulation financière dont les principes directeurs doivent émaner de l’ensemble des pays, quel que soit leur niveau de développement.

Mesdames et Messieurs,

 La crise financière actuelle,  on le sait, a un lieu de naissance. Mais, en raison de l’interaction et des effets de la mondialisation, elle s’est rapidement déplacée et propagée à l’ensemble de la planète. Ce faisant, elle provoque déjà des dégâts économiques et sociaux, donc politiques, même dans des contrées insoupçonnées dont elle n’est pas originaire. L’Afrique, bien qu’ayant, par une réglementation prudente et vertueuse, protégé son  système bancaire et financier, est déjà  l’une des grandes victimes sur le plan économique.

 En effet, nous mesurons déjà les conséquences néfastes de la crise sur le continent africain. La chute des cours des matières premières agricoles aggrave la fragilité et la vulnérabilité des économies africaines.  Elle accroît dejà  les besoins de financement des budgets des Etats.

 En outre, et comme vous le savez, Mesdames et Messieurs, l’Afrique dispose d’une importante diaspora dans les pays industrialisés. Il y a des craintes que ces communautés soient les premières victimes des licenciements qu’entraînera le fléchissement dramatique de l’économie mondiale. Il en résultera une baisse substantielle des transferts de fonds des migrants vers les pays africains qui devraient s’attendre par ailleurs à une baisse à la fois des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement.

 Au total, les effets conjugués de ces facteurs déstabilisateurs, identifiés comme conséquences indirectes de la crise financière internationale sur les économies africaines, induisent déjà un ralentissement de la croissance. Ces effets amplifient au demeurant le risque d’annihiler les efforts de redressement économique engagés par les dirigeants africains, qui doivent en outre faire face à la crise énergétique et à la crise alimentaire.  Dans ces conditions, quelles chances avons-nous de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2015 ?

Mesdames et Messieurs,

Si étymologiquement CRISE fait référence à une situation critique qui appelle des DECISIONS et des CHOIX, alors ne devrions-nous pas analyser la crise actuelle comme une opportunité de réflexions fécondes qui induisent des DECISIONS et des CHOIX, appelant des actions stratégiques visant à conduire les pays africains vers une sortie durable de la crise, dans l’intérêt du plus grand nombre et en harmonie avec l’équilibre de la planète ?

Le continent africain a bien perçu cette opportunité. Ainsi, les ministres africains des Finances et du Plan, ainsi que les Gouverneurs des banques centrales africaines, réunis à Tunis en novembre 2008 sous l’égide de la Commission de l’Union Africaine, de la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique et du Groupe de la Banque Africaine de Développement, en ont tracé les sillons par la pertinence de leurs réflexions. Au-delà des efforts individuels au niveau de chaque pays africain pour apporter des réponses appropriées à la crise, les réflexions engagées par la communauté africaine visent, entre autres, à approfondir les réformes économiques afin de bâtir dans une franche solidarité, les fondements d’une économie continentale plus forte et diversifiée, moins vulnérable aux chocs extérieurs. 

Pour exploiter et valoriser son potentiel afin de réduire, voire d’éradiquer la pauvreté, je dis bien d’éradiquer la pauvreté car cela est possible, l’Afrique doit relever, par des investissements massifs, les défis majeurs de l’éducation et de la formation, de l’appropriation de la science et de l’innovation technologique. L’Afrique doit, en partenariat et avec l’appui de la communauté internationale, développer ses ressources humaines et notamment former sa jeunesse, non seulement aux valeurs civiques, morales et éthiques de travail et d’excellence, mais également à la connaissance de la science et de la technologie. Il n’y a de richesse que d’homme comme a dit Jean BAUDIN.

 Le Bénin, ce Dahomey d’hier qu’affectionnait particulièrement Emmanuel MOUNIER en le qualifiant de « quartier latin de l’Afrique » demeure une terre passionnée de science et de culture.

 A preuve, au dernier salon international des inventeurs à Genève (29 mars – 02 avril 2009), mon pays a ravi deux médailles d’or qui ont couronné les inventions d’un de mes  compatriotes Vincent AGON qui s’illustre avec d’autres dans la lutte contre le paludisme et le SIDA.

 C’est dans cet esprit que j’ai décidé, l’année dernière, aux obsèques du très respecté et universellement apprécié Cardinal Bernardin GANTIN, d’instituer un prix international à son nom. Ce prix servira d’instrument majeur d’incitation à l’excellence en tous domaines notamment dans celui du développement solidaire par la réhabilitation des valeurs du service, l’assistance engagée au plus souffrant, la promotion hardie d’une jeunesse de qualité génératrice d’une vraie « brigade africaine des apôtres du bien commun ».

 Nous souhaitons vivement que l’UNESCO, haut lieu d’éducation, de science et de culture, nous accompagne dans cet effort national de marche décisive dans la promotion des valeurs porteuses de progrès, d’amour et de paix pour toute l’humanité.

 Mesdames et Messieurs,

 Au Bénin, mon Gouvernement a décidé de fédérer les centres de recherche dans les domaines aussi variés que les sciences exactes et naturelles, les sciences sociales, humaines et économiques, en vue de la remise en place d’un centre de modélisation régional pour l’espace CEDEAO. Et c’est avec une grande satisfaction que j’ai le plaisir de vous informer que les Chaires UNESCO du Bénin jouent déjà un rôle de premier plan dans la perspective de la création de ce centre régional. Même avec ses ressources budgétaires limitées, le Bénin considère comme prioritaires les actions visant à relever les défis de renforcement du mandat de l’UNESCO en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

 Au demeurant, même face à la crise, la formation des ressources humaines de qualité reste l’alternative la plus crédible et la plus durable. A cet égard au Bénin, mon Gouvernement s’attèle à mettre en place des programmes de formation qui intègrent, dès la base, une éducation au développement durable, à la paix et à la citoyenneté. En outre, nous avons décidé d’instaurer à partir de l’année scolaire 2006-2007, la gratuité de l’accès à l’école primaire, afin de garantir effectivement à tous, filles et garçons, une éducation primaire de base, conformément à notre constitution.

 Par ailleurs, la promotion et la généralisation d’un enseignement technique et professionnel de qualité constituent des conditions incontournables pour répondre aux exigences de compétence, de créativité, d’esprit d’initiative qui peuvent contribuer à la constitution d’un tissu de petites et moyennes entreprises nécessaires pour garantir le développement. 

 A cet égard, la construction d’écoles, de nouveaux amphithéâtres, l’acquisition de nouveaux matériels pour les travaux pratiques et la recherche et l’aménagement de pistes rurales pour y conduire les enfants, la construction de centres de santé de proximité pour les soigner, la formation des formateurs aux nouvelles technologies pédagogiques et la formation de maîtres et d’enseignants qualifiés, constituent des facteurs importants de resserrement des liens sociaux et de stabilité des familles ; mais c’est aussi autant de priorités que les difficultés induites par la crise économique ne sauraient ni déclasser, ni remettre en cause.

 C’est pourquoi, je voudrais lancer un appel à nos partenaires du Fast Track « Education pour tous » ainsi qu’à l’ensemble de la Communauté Internationale, pour renforcer leur appui financier à ce programme qui devrait s’étendre progressivement à l’enseignement secondaire, à la formation technique et professionnelle et à l’enseignement supérieur.  

 Le monde ne doit pas prendre le risque d’hypothéquer l’avenir de l’éducation dans les nations moins nanties du fait de la crise, alors que les efforts d’investissement des Gouvernements d’Afrique ou d’ailleurs, dans la mise en place de politiques éducatives de qualité et pour la gratuité de l’accès à l’éducation des filles et des garçons devraient être vigoureusement soutenus.

 Monsieur le Président de la Conférence Générale,

Monsieur le Président du Conseil Exécutif,

Monsieur le Directeur Général de l’UNESCO,

Mesdames et Messieurs,

C’est dire donc que les programmes de l’UNESCO en faveur de l’Afrique, en l’occurrence les objectifs de Dakar pour l’Education pour tous d’ici à 2015 et les réformes profondes pour faire de l’Education le principal outil de développement de notre continent, ne doivent pas souffrir de cette crise, au risque de provoquer à terme des crises sociales et économiques graves et d’accentuer le phénomène de pauvreté.

 Pour ce faire, des solutions novatrices pourraient être recherchées par le Conseil Exécutif de l’UNESCO grâce à des réflexions prospectives afin d’asseoir une bonne lisibilité et prévisibilité des mécanismes de mobilisation de ressources de plus en plus importantes requises pour le financement des efforts en faveur des secteurs d’intervention de l’UNESCO.

 C’est pourquoi, devant cette tribune de l’UNESCO, je voudrais réitérer mon plaidoyer en faveur des pays en développement.

 En effet, le 24 février 2009, au cours du forum des organisations régionales et sous-régionales africaines  pour le soutien de la coopération entre l’UNESCO, l’Union Africaine et le NEPAD, j’indiquais qu’il était un impératif moral pour les pays du Nord, d’honorer les engagements qu’ils ont pris lors de divers sommets envers les pays du Sud, d’une part pour le financement de l’Education pour tous, et d’autre part pour replacer l’enseignant dans son rôle central pour la réalisation d’une éducation de qualité pour tous.

 Mesdames et Messieurs,

 Un monde nouveau est possible, si nous parvenons à décrypter convenablement tout le message que nous révèle la crise actuelle. Aussi, ne nous enseigne-t-elle pas que nous formons une communauté de destin et que nous devons nous accepter mutuellement, pays développés et pays en développement, pour bâtir une éthique nouvelle, en renforçant l’état de veille sur le fonctionnement du système financier international et sur la gestion des biens publics mondiaux ? Ce que les Gouvernements africains attendent de la communauté internationale, c’est un engagement sans réserve à soutenir nos idéaux de justice, de solidarité et de paix.

 Mais un appel à la solidarité, notamment par temps de crise, n’a de sens que s’il est doublé d’un appel à la vigilance et à la responsabilité. C’est pourquoi, les Etats africains doivent assainir leurs finances publiques et le cadre macroéconomique, lutter résolument contre toutes formes de corruption et conduire les réformes structurelles et institutionnelles requises, fondées sur nos valeurs traditionnelles de solidarité et de partage, et tenant compte des exigences de la globalisation.

 Monsieur le Président,

 La solidarité est l’une des valeurs traditionnelles fondamentales que la culture des communautés africaines peut apporter au village planétaire. Nous fondant sur les vertus cardinales de cette valeur, nous pensons que l’Afrique doit cesser d’être marginalisée. Le continent doit être formellement associé et impliqué aux enjeux majeurs de la communauté mondiale. C’est une condition indispensable pour la consolidation de la paix.

 Nous saluons à cet égard les conclusions du récent Sommet du G20 à Londres. La déclaration finale des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui en est issue reconnaît notamment que  «pour une crise mondiale, il faut une solution mondiale » ; elle admet que «la prospérité est indivisible» ; enfin elle postule que «la croissance, pour être soutenue, doit être partagée». Nous souhaitons simplement que ces paroles fortes soient traduites en actes concrets.

 En effet, face à l’ampleur des conséquences économiques et sociales de cette crise, une grande inquiétude s’installe déjà au sein des populations dans nos pays par rapport à la réalisation des Objectifs du Millénaire en général et singulièrement l’Education pour Tous en 2015.

 C’est heureux et confiant en la capacité de l’UNESCO à continuer de soutenir encore plus que par le passé les programmes prioritaires du Bénin dans le domaine de l’éducation, de la science, de la technologie et de la culture que je voudrais conclure mon exposé, en rappelant que la sortie de crise doit être une responsabilité collective, commune et partagée. Je ne doute point de l’engagement de l’UNESCO à cet égard.

 Aussi, voudrais-je réitérer en particulier mes remerciements chaleureux à Monsieur Koïchiro MATSUURA, Directeur Général de l’UNESCO et lui rendre un hommage mérité, pour la qualité de la gouvernance de notre Institution, ainsi que pour les efforts qu’il n’a cessé de déployer en direction de l’Afrique.

 Je ne saurais terminer mon intervention sans exprimer ma gratitude au Gouvernement de la République Française, pour l’accueil chaleureux qui a été réservé à tous les membres de ma délégation depuis notre arrivée en France.

 Je vous remercie de votre attention.

 

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