Le Conseil des Ministres s’est réuni en séance extraordinaireles 3, 4 et 5 octobre 2012, sous la présidence effective du Président de la République, Chef de l’Etat, chef du Gouvernement. Ses travaux ont été essentiellement consacrés à l’examen et à l’adoption du projet de décret portant transmission à l’Assemblée Nationale du projet de loi de finances pour la gestion 2013.
Placé sous le signe de la relance économique, le projet de budget général de l’Etat pour la gestion 2013, objet dudit projet de loi de finances, est élaboré sur la base des orientations économiques du quinquennat 2012-2016 axé sur le développement de l’entreprise et de l’initiative privée. Les points d’application pour l’année 2013 approuvés par le Conseil des Ministres en sa séance du 28 juin 2012 sont :
- le renforcement du capital humain et des infrastructures de soutien à la production ;
- la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’agro-industrie ;
- le développement local.
Pour la mise en œuvre efficace des points d’application pour l’année 2013, d’importantes mesures d’accompagnement sont prévues. Elles devraient permettre d’atténuer les effets néfastes des contraintes exogènes inhérentes à l’environnement économique dans lequel évoluera la gestion budgétaire de 2013. Ces mesures sont :
- la mise en place d’un nouveau cadre institutionnel de gestion de la filière coton ;
- la relance des activités des industries textiles et des huileries grâce à l’imposition d’un quota sur les exportations de coton fibre et de graines de coton ainsi que la mise en place d’un cadre de détermination de prix intérieur pour ces deux produits ;
- l’orientation de la consommation publique prioritairement vers les biens produits localement ;
- la poursuite de la mise en œuvre des mesures relatives à la fiscalité de développement ;
- l’entrée en fonction de six nouvelles usines de transformation de produits agricoles ;
- la création des Agences :
· de la mécanisation agricole ;
· de la diversification agricole ;
· de l’aménagement des périmètres irrigués ;
- la poursuite des réformes structurelles essentielles au niveau de certaines sociétés d’Etat dont le Port Autonome de Cotonou et la SONACOP ;
- la mise en œuvre du partenariat public privé.
Outre les actions déjà en cours et dont la réalisation se poursuit, la mise en œuvre des points d’application pour 2013 de l’orientation économique 2012-2016 va engendrer de nouvelles actions phares identifiées par les ministères dont certaines sont déjà inscrites au Programme d’Actions Prioritaires (PAP).
Dans la logique de la poursuite de la discipline budgétaire instituée en relation avec le programme économique et financier, les dotations budgétaires destinées aux dépenses en capital, en raison des ressources limitées attendues en 2013 seront consacrées aux :
- priorités de l’action gouvernementale ;
- décomptes dus sur les chantiers achevés ou en cours,
- contreparties des projets et programmes d’investissements cofinancés par les Partenaires Techniques et financiers ;
- projets présélectionnés par le Programme Economique Régional (PER) et remplissant les critères de sélection.
Au total,lamiseen œuvreefficacedes mesures et actions retenuespourlecomptedelagestion2013,permettrad’atteindre:
- un taux de croissance économique de 4,5% contre 3,5% en 2012 au regard des bonnes perspectives de la production cotonnière ;
- un taux d’inflation de 2,8% en dessous de la norme communautaire de 3% contre environ 6% en 2012;
- un taux de pression fiscale de 16,9% contre 15,9% en 2012 ;
- un taux d’investissements publics d’environ 6,7% du PIB contre 6,8% en 2012;
- un niveau de déficit soutenable de 3,4% du PIB contre 3,6% en 2012 ;
- un solde budgétaire de base, représentant 0,5% du PIB contre -0,4% en 2012.
Il convient de souligner que l’amélioration des recettes intérieures sera soutenue en 2013 par des mesures administratives et fiscales visant à simplifier le régime fiscal, à élargir la base d’imposition et à moderniser les Administrations financières de la Douane, des Impôts et du Trésor.
Les mesures administratives devront permettre :
- une meilleure communication avec les contribuables et une amélioration de la qualité du service à l’usager ;
- l’intensification de la lutte contre la fraude fiscale ;
- le transfert automatique des manifestes ;
- le transfert automatique des déclarations en détail à la Recette de Cotonou-Port ;
- la connexion informatique du dépôt ORYX à la Recette des Hydrocarbures d’Akpakpa ;
- la gestion automatisée des Magasins et Aires de Dédouanement (MAD) et des Magasins et Aires d’Exportation (MAE) ;
- la mise en réseau de la Recette de Cotonou-Port et de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects ;
- la création d’une liaison avec le logiciel ASTER du Trésor, le logiciel des Impôts et le SIGFiP en vue du renforcement du système de contrôle interne.
- l’informatisation du système d’enregistrement et de comptabilisation ;
- la généralisation de l’Identifiant Fiscal Unique à tous les contribuables et au personnel de l’administration publique ;
- la mise en place de l’interface entre le guichet unique et le SYDONIA++.
Au nombre des mesures fiscales, il est envisagé entre autres:
1) l’instauration au sein des ministères et institutions de l’Etat, des régies de recettes dans le cadre de la perception des divers droits, frais et redevances par les services intermédiaires de recettes ;
2) l’exonération totale des droits et taxes de douane et de la TVA pour l’importation, la production ou la vente des intrants agricoles, instruments et appareils phytosanitaires ;
3) l’exonération des droits et taxes d’entrée et de la TVA sur les parties, accessoires et pièces détachées des machines et matériels destinés à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche, ainsi que sur les petites unités de transformation et de conservation des produits agricoles, de l’élevage et de la pêche ;
4) l’exonération des droits et taxes de douane et de la TVA sur l’importation des machines et matériels destinés à la production et à la fabrication des emballages en République du Bénin ainsi que leurs accessoires ;
5) l’exonération des droits et taxes de douane et de la TVA sur l’importation des casques de protection pour motocyclistes en République du Bénin à l’exception du prélèvement communautaire de solidarité, du prélèvement communautaire, de la taxe de statistique et de la taxe de voirie ;
6) l’exonération des droits et taxes de douane et de la TVA sur l’importation des vélos en République du Bénin à l’exception du prélèvement communautaire de solidarité, du prélèvement communautaire, de la taxe de statistique et de la taxe de voirie ;
7) la modification de l’article 224 nouveau du CGI en vue d’intégrer les activités agricoles, le gaz domestique et les locations d’immeuble nu à usage d’habitation dans la liste des biens et opérations exonérés de la TVA ;
8) la modification de l’article 392 du CGI en vue de préciser la partie devant accomplir les formalités d’enregistrement en cas de contrat de bail entre l’Etat et les privés ;
9) la modification des articles 890 et 938 du CGI en vue de dispenser du paiement des droits d’enregistrement et de timbre, ainsi que des droits de publicité foncière et hypothécaire, les actes de location-vente ou de vente d’immeubles bâtis dont les prix n’excèdent pas vingt (20) millions de FCFA hors taxe construits par les personnes physiques ou morales qui se consacrent avec l’agrément et sous le contrôle de l’administration au développement de l’habitat économique et social ;
10) la modification de l’article 22 du CGI en vue d’exclure de la déduction de quote-part forfaitaire de 30%, les produits des titres émis par les Etats membres de l’UEMOA, les collectivités publiques et leurs démembrements ;
11) la modification de l’article 245 du CGI en vue d’exiger dans les pièces constitutives du dossier de remboursement, la production des titres d’exportation prévus à l’article 15 de l’annexe II au Règlement n°09/2010/CM/UEMOA du 1er octobre 2010
Les principales actions retenues dans le budget général de l’Etat, gestion 2013, sont les suivantes :
1) Les actions d’ordre social concernent en priorité les secteurs ci-après:
a) Eau pour un montant de 19,926 milliards de FCFA ;
b) Santé et protection sociale pour un montant de 27,130 milliards de FCFA ;
c) Education pour un montant de 22,180 milliards de FCFA ;
d) Jeunesse, Sports et Loisirs pour un montant de 1,280 milliards de FCFA.
2) les projets et programmes concernant la gouvernance locale et la décentralisation sont prévus pour un montant de 13,743 milliards de FCFA ;
3) Les projets et programmes d’ordre économique concernent les secteurs suivants:
a) Energie pour un montant de 22,574 milliards de FCFA ;
b) Micro finance et emploi des jeunes et des femmes pour un montant de 1,880 millions de FCFA ;
c) Economie et Finances pour un montant de11,094 milliards de FCFA ;
d) Agriculture, Elevage et Pêche pour un montant de 26,031 milliards de FCFA ;
e) Transports et Infrastructures pour un montant de 57,923 milliards de FCFA ;
f) Economie Maritime et Transports Maritimes pour un montant de 2,163 milliards de FCFA ;
g) Communication et Technologies de l’Information pour un montant de 20,483 milliards de FCFA ;
4) Les actions liées à la souveraineté nationale concernent les secteurs ci-après :
a) Justice pour un montant de 5,343 milliards de FCFA ;
b) Diplomatie pour un montant de 845 millions de FCFA ;
c) Défense et Sécurité pour un montant de 6,886 milliards de FCFA.
En substance, le projet de loi de finances pour la gestion 2013 est équilibré en ressources et en charges à la somme de 1 044,494 milliards de FCFA contre 1 016,549 milliards de FCFA en 2012, soit une augmentation de 27,945 milliards de FCFA correspondant à un taux d’accroissement de 2,7%.
Les ressources intérieures sont évaluées à 796,060 milliards de FCFA contre 758,343 milliards de FCFA en 2012, soit une augmentation de 37,717 milliards de FCFA correspondant à un taux d’accroissement de 5% ;
- Les charges sont établies à 1 044,494 milliards de FCFA contre 1 016,549 milliards de FCFA de prévisions en 2012, soit une augmentation de 27,945 milliards de FCFA correspondant à un taux d’accroissement 2,7% ;
- Le besoin de financement, évalué à 248,434 milliards de FCFA, est en diminution de 9,772 milliards de FCFA par rapport à celui de 2012 qui était de 258,206 milliards de FCFA, soit un taux de régression de 3,8%.Il sera couvert par les ressources intérieures exceptionnelles et les ressources extérieures.
En dépit du contexte de morosité de l’environnement économique et financier qui impose une discipline budgétaire et des contraintes financières aux béninois, le budget 2013 se veut volontariste et orienté vers le social, la relance économique, la lutte contre l’insécurité et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Fait à Cotonou, le 05 octobre 2012.
La Secrétaire Générale Adjointe duGouvernement,
Clémentine A. AGBOMADOKAN.-