Renaissance du Bénin : Léhady officiellement aux commandes

La Renaissance du Bénin (Rb) a tenu samedi et dimanche à Abomey son troisième congrès ordinaire placé sous un triple symbole, à savoir, le rajeunissement, le rassemblement et la modernisation. Il consacre une nouvelle Rb dont la destinée a été placée entre les mains de Léhady Soglo après un vibrant adieu de Mme Rosine Vieyra Soglo.

Par : Francis-Hervé SANOUSSI

Les congressistes, les chefs ou représentants de partis auront payé le prix d’une longue attente pour enfin voir démarrer en début d’après-midi la cérémonie d’ouverture de ce troisième congrès ordinaire qu’à juste titre, le président Nicéphore Soglo, président d’honneur du parti, a annoncé comme n’étant pas un congrès comme les autres. Ce que le président du comité d’organisation, Marius Francisco, sous les acclamations des congressistes, va confirmer en annonçant que c’est pour la première fois qu’un parti politique de l’envergure de la Renaissance du Bénin accepte de fusionner dans un ensemble plus vaste. Relever le défi d’une telle œuvre politicienne, selon lui, suppose qu’on donne la parole à la base. Tout comme lui, le secrétaire exécutif national du parti, l’honorable Georges Bada, va situer le contexte de ce troisième congrès ordinaire et exhorter les militants à une participation active aux travaux. Ensuite, la parole a été donnée aux chefs et représentants de partis ou formations politiques. Dans cet exercice, outre Aimé Richard Sogbossi du Nep Mixalodo, Issa Salifou du G13, Kamarou Fassassi du Prd Nouvelle Génération, Bruno Amoussou en tant que président de l’Union fait la Nation et Adrien Houngbédji, le candidat de l’Un, on retiendra surtout le passage controversé du coordonnateur national des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). L’allocution de Eugène Azatassou axée sur l’affaire Icc Services et consorts et mettant à l’index toute la classe politique nationale pour une supposée ‘’passivité coupable’’ a été plusieurs fois interrompue par les brouhahas des congressistes. Pour lui, la classe politique veut s’accaparer du pouvoir pour à nouveau conduire le pays au bord du gouffre. Il ne faudrait pas, a-t-il déclaré, interrompre une expérience comme celle du gouvernement du changement à l’instar de ce qu’il est advenu de celle du président Soglo en 1996. ‘’Il n’est pas convenable que des expériences du genre tournent court aussi vite’’, a-t-il lancé à l’endroit de l’assistance. Pour sa part, Issa Salifou va demander pardon à toute la classe politique au nom du G 13 pour avoir donné au président Boni Yayi en 2007 la possibilité de contrôler l’Assemblée nationale. ‘’C’était une grosse erreur’’, a-t-il indiqué. A l’endroit des membres de l’Un, il déclare : ‘’Nous sommes sur le même front pour le même combat politique et nous allons risquer ensemble jusqu’au dernier jour’’ avant d’annoncer la soi disant bonne nouvelle selon laquelle le G 13 ira en bloc aux prochaines législatives et aura pour 2011 un candidat ‘’soit à l’interne soit à l’externe’’. Bruno Amoussou mettra un point d’honneur à justifier la présence d’une forte délégation de l’Un à ce troisième congrès ordinaire. Il s’agit, à l’en croire, de doter le Bénin d’une force politique qui puisse le stabiliser puis de former une nouvelle génération d’hommes politiques pour ‘’permettre à ceux qui ne connaissent pas la maison d’y mettre pied’’. ‘’Notre ambition, poursuit-il, est de rassembler pour que, plus jamais, il n’y ait de lutte fratricide entre nous’’. Adrien Houngbédji reviendra sur son pardon à Soglo qui, pense-t-il, avait ouvert la voie à l’Un. Il a salué et remercié les Soglo pour leur clairvoyance puis réaffirmé que ‘’l’Un ne sera pas un marché de dupes. Les engagements pris seront respectés. C’est la condition incontestable pour la réalisation de nos objectifs’’. Il en a profité pour publiquement dire ‘’oui’’ à une requête du président Soglo au sujet d’une nécessaire rotation à l’Un qui tienne compte des sacrifices consentis par la Rb. Il ne peut, selon lui, en être autrement parce qu’avec l’Un ‘’une alternance crédible est possible en 2011’’ et celle-ci ne peut se réaliser sans la Rb. Toute la crème de l’opposition était représentée samedi à Abomey à l’occasion de ce congrès. Les têtes de pont du G 13 que sont Cyriaque Domingo, Edmond Agoua et Antoine Dayori, celles de l’Un telles que Lazare Sèhouéto, Sévérin Adjovi et Antoine Idji Kolawolé étaient au premier rang des invités. En plus des députés de la Rb anciens comme nouveaux, la grande majorité de ceux de l’opposition ont honoré de leur présence la cérémonie d’ouverture de ce congrès de même qu’une kyrielle de chefs traditionnels du plateau d’Abomey.

Lehady, nouveau Président de la RB

Le point d’orgue de ce congrès aura été le plébiscite du fils aîné des Soglo à la tête de la Renaissance du Bénin, le parti de ses parents. Ainsi après 18 années aux commandes de la RB, Rosine Soglo passe la main à son fils Lehady, non sans surprise. En 2006, Lehady avait porté les couleurs de la Renaissance du Bénin à l’élection présidentielle en qualité du candidat officiel de son parti. Depuis lors, les ambitions du 1er adjoint au maire de Cotonou pour la magistrature suprême à la suite de son père ne faisaient l’ombre d’aucun doute. Instigateur de l’Union fait la Nation, Lehady Soglo a dû consentir un grand sacrifice pour laisser la place qui lui revenait légitimement à Me Houngbédji comme candidat unique de l’Union fait la Nation. Une façon de reculer, de se préparer à la fonction présidentielle en 2016. Le boulevard est donc ouvert et le fils aîné des Soglo peut scruter en rose le chemin qui mène au Palais de la Marina en attendant 2016. A condition que tout marche comme prévu !