Fonction publique : 1630 agents irrégulièrement reversés

La rançon du populisme

            A la faveur du conseil des ministres du vendredi dernier, l'opinion publique a pris connaissance du rapport du contrôle de l'opération de reversement des agents occasionnels en Agents contractuels d'Etat pour la période 2008-2012, effectué par l'Inspecteur général d'Etat(Ige) et l'Inspecteur général des services et emplois publics(Igsep). Au total, 1630 agents répartis dans quinze(15) ministères ont été déclarés irrégulièrement reversés. Si l'opération a permis d'absorber une bonne partie des agents se trouvant dans la précarité de l'emploi, il faut noter qu'elle a été émaillée de fraudes, comme il est de coutume dans le pays. C'est d'ailleurs pourquoi, les irrégularités sont constatées aussi bien au niveau des agents reversés qu'au niveau des dossiers ayant permis leur reversement avec naturellement la bénédiction des cadres à divers postes de responsabilités dans l'administration.

            Pendant que 1630 agents ont été irrégulièrement reversés, 1391 agents ont été carrément omis par cette opération. Il en découle que ces agents oubliés, l'ont été parce qu'ils n'ont aucun lien particulier avec des responsables de l'administration publique. Cela est d'autant plus vrai que le rapport fait mention du parrainage par des cadres à des postes de responsabilité de la grande majorité des agents reversés. C'est d'ailleurs grâce à une lettre de dénonciation envoyée au Chef de l'Etat que le pot aux roses a été découvert. C'est alors que le gouvernement et son chef ont décidé de clarifier le processus de reversement, source de contestation. En attendant la poursuite des investigations pour détecter les agents reversés avec de faux diplômes, les 1630 agents sont en passe d'être radiés de la fonction publique.

            Il ne pouvait en être autrement car cette situation semble avoir été cautionnée par le Chef de l'Etat. Elu en 2006 pour un mandat de cinq(05) ans, le Président de la République, dès sa prise de fonction, a résolument œuvré pour sa réélection en 2011 à travers une campagne précoce et permanente. Du coup, il était favorable aux aspirations de tous. Les différentes Centrales et Confédérations, l'ayant compris, en ont profité pour demander plus qu'il n'en faut. Obnubilé par sa réélection, le Chef de l'Etat s'engageait à la réalisation effective des requêtes qui lui parvenaient. Dans le cas d'espèce, les travailleurs ont été les plus heureux. Pour un oui ou pour un non, ils étaient reversés selon le cas, compte tenu du statut de grenier électoral de leur corporation. Malgré les mises en garde des Institutions économiques sous-régionales, le Chef de l'Etat avançait tête baissée. Avant qu'il ne se rende compte du danger, il était déjà trop tard. Car, par la générosité et les largesses du Chef de l'Etat à travers ces reversements tous azimuts, la masse salariale a largement dépassé la norme dans l'espace Uemoa.

            Le Président de la République, ayant ouvert une brèche, les cadres à divers postes de responsabilité qui sont souvent aux aguets, en ont profité pour parrainer le reversement des proches parents et autres qui n'en méritent pas. Surtout que ce n'était ni un concours encore moins un test. C'est une simple présentation de papiers et le tour est joué. C'était donc l'occasion de toutes les magouilles. Ainsi, va malheureusement l'administration béninoise. Au regard donc des conclusions de l'Ige et de l'Igsep sur les opérations de reversement, le Chef de l'Etat ne peut que s'en prendre à lui-même et à sa méthode de gestion. Lui qui a choisi, au cours de son premier quinquennat, d'être exprès un président populiste qui savait où il allait et quel but il poursuivait. Maintenant que la supercherie a été découverte, il faut sanctionner aussi bien les agents reversés irrégulièrement que leurs parrains. Car, ils n'ont pas agi seuls. Et de grâce ne pas sanctionner que les menus fretins et laisser les " gros poissons ", puisque c'est la mode depuis 2006 sous nos cieux.