Malaise au conseil communal de Savè : Adimi et Okounlola se rejettent le tort

Que se passe-t-il réellement dans la commune de Savè ? C’est du moins la question qui vient à l’esprit au regard des situations confuses et conflictuelles qui s’y observent ces derniers jours.

Mais à l'analyse, on se rend compte aisément qu'il s'agit purement et simplement d'une guerre ouverte entre les leaders politiques de la région qui se regardent désormais en chien de faïence. De quoi s'agit-il, en réalité ? La destitution du maire Félix Adimi serait programmée. A l'origine, certains de ses conseillers dénonceraient sa gestion. Les faits datent de 2008. 8 des 17 conseillers communaux lui auraient écrit pour lui signifier leur désapprobation par rapport à la manière dont Savè est dirigée sous son autorité. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Mais pour le maire, il n'y a pas péril en la demeure. « Il n'y a aucun problème à Savè », a-t-il soutenu. Il estime qu'il est plutôt victime d'un acharnement politique, d'une cabale et porte un doigt accusateur sur le Coordonnateur national du Programme de la mécanisation agricole, président du parti l'Union fait la force, André Okounlola. Approché, Félix Adimi n'est pas allé du dos de la cuillère pour affirmer que c'est Okounlola qui manipule certains de ses conseillers à des fins politiciennes.

« De toutes les façons, et malgré ses agissements et agitations stériles, je reste et demeure toujours le maître des lieux. J'ai la majorité au conseil communal. Le reste, c'est des histoires. Je ne me reproche rien. L'histoire retiendra que c'est Okounlola qui veut diviser Savè. Il se fait leader de la classe politique communale. Il crois que sans lui, aucune action fut-elle politique ou sociale ne peut être menée dans la commune», a-t-il martelé. Mais le son de cloche diffère naturellement du côté de André Okounlola. Joint au téléphone hier, il a rejeté en bloc toutes les accusations portées contre sa personne et estime qu'elles sont de nature à jeter de l'opprobre sur sa brillante carrière professionnelle et politique. A l'en croire, tous les faits qui lui sont reprochés sont de « pures affabulations ». « C'est très faux. Les conseillers ne sont pas des enfants pour que je les manipule. Le maire a un problème. Il est pris en otage par le député Dénis Oba Chabi », a-t-il indiqué. « C'est un secret de polichinelle que Savè était majoritairement Cap-Suru. Mais j'avais sorti la tête pour faire entendre un autre son de cloche. J'ai été élu député en 2003, mais mes adversaires politiques d'alors ont mis tout en œuvre pour faire invalider mon siège. Eux-mêmes me l'ont confessé après.

J'ai pris mon mal en patience. Après les élections communales et locales de 2008, j'ai fortement soutenu la candidature de Chabi Simon au poste de maire de Savè contre celle de Félix Adimi. Mais c'est ce dernier qui a finalement su tirer son épingle du jeu. Je l'ai appelé pour le féliciter et lui souhaiter bon vent. Je lui ai tendu ma main, mais il n'a pas voulu la saisir, et ne veut pas travailler avec les conseillers qui ne parlent pas forcément le même langage que lui. On ne les retrouve nulle part dans les instances dirigeantes de la commune. Adimi et ses hommes ont tout pris. Les autres conseillers sont devenus des spectateurs joyeux. Et bonjour la mauvaise gestion dont les gens parlent. Lorsque j'analyse ses agissements, je constate tout simplement qu'il cherche un bouc émissaire pour expliquer ses contre-performances. Ma conscience ne me reproche absolument rien », a expliqué André Okounlola.

Face à ces révélations, le maire Félix Adimi crie à l'intoxication et à la désinformation et promet de prendre ses responsabilités. André Okounlola renchérit en faisant observer que le maire de Savè a montré ses limites. A moins de deux ans des législatives de mars 2011, ces querelles intestines se comprennent, car la guerre des positionnements semble déjà commencer. Mais ses protagonistes ne doivent pas perdre de vue que le développement passe avant tout. Ce qui est très heureux, c'est que les populations à la base ne sont pas dupes. En son temps, elles sauront tirer le bon grain de l'ivraie, identifier qui ment dans cette affaire autour de laquelle Adimi et Okounlola s'accusent mutuellement.

Léonce Houngbadji