Léonce HOUNGBADJI
A l’Assemblée nationale béninoise, l’intérêt du peuple semble être une priorité de second rang. A deux ans des prochaines élections présidentielles et surtout législatives, chaque député court pour ses propres intérêts. L’intérêt national n’est plus au cœur des débats parlementaires. La Renaissance du Bénin de Mme Rosine V. Soglo comprend de plus en plus qu’avec ses alliés des « G et F », elle n’a aucune chance d’assurer sa survie. Depuis le retour au bercail de la présidente de ce parti, les données ont complètement changé au parlement. La Rb se démarque nettement de toutes les initiatives venant de l’opposition non déclarée visant à bloquer sciemment le fonctionnement de l’institution ou de l’Etat.
Lundi dernier, pendant que ses alliés d’hier boycottaient la séance plénière afin d’éviter le vote de la loi sur la Liste électorale permanente informatisée (Lepi), Rosine Soglo a ordonné à ses députés de rester en salle et de ne ménager aucun effort pour voter en faveur de cette loi qui permettra à coup sûr de sécuriser le fichier électoral national. Et comme si ce « coup politique » ne suffisait pas, la Rb est revenue à la charge mardi dernier pour montrer son vrai visage. Elle s’est associée aux élus Fcbe et consorts pour procéder à la désignation des représentants des députés à la Haute Cour de Justice et dans les parlements régionaux. C’est dire que la Rb, à défaut de démissionner du bloc mécanique « G et F », est de plus en plus méfiante, et n’entend plus s’amuser à avec ses intérêts. « Nous n’allons plus servir d’échelle aux autres. La Rb sera désormais présente partout où ses intérêts sont en jeu», a fait savoir un député du parti sous le couvert de l’anonymat.
La Rb n’est pas la seule formation politique à être dans cette position de vigilance. Deux députés du Madep en la personne de Louis Vlavonou et de Firmin Biokou sont désormais élus pour siéger respectivement à la Haute Cour de Justice et au Cip Uemoa, et ce, contre la décision de leur parti politique, qui avait même boycotté la séance plénière consacrée à cette élection. C’est la même situation au niveau du G13. Edmond Agoua s’est retrouvé miraculeusement à la Haute Cour de Justice pendant que son groupe parlait un autre langage. Voilà autant d’éléments d’appréciation qui montrent combien de fois les députés courent pour sauvegarder d’abord leurs propres intérêts. Mais pendant combien de temps durera la situation en cours au parlement ? Bien malin qui pourra le savoir.