Une précampagne à peine voilée !

Pendant longtemps, les forces de l’opposition ont toujours voulu se retrouver sur le même plateau de télévision ou sur les mêmes stations de radio pour des débats contradictoires. A la faveur de la célébration de l’an III de l’accession du Président Boni Yayi à la magistrature suprême, la volonté du pouvoir en place de discuter avec le camp d’en face a été encore une fois constatée. Les conceptions selon lesquelles les ministres de Boni Yayi ont toujours fui le débat sur certaines questions sont à présent peu à peu corrigées. Signe de vitalité manifeste d’une ouverture d’esprit. C’est du moins l’interprétation qu’on peut en faire. La plupart des ministres de Boni Yayi acceptent les invitations sur les chaînes même supposées hostiles au pouvoir.

Le débat depuis quelques jours est véritablement ouvert et donne libre cours à des commentaires qui écorchent ou arrangent le gouvernement. Au-delà du simple fait que c’est la vie politique nationale qui est animée, il y a aussi l’analyse et les explications de certaines questions qui ont toujours été considérées comme tabou. Le gouvernement tente de corriger ou de rectifier certaines conceptions erronées liées à sa gestion. Les forces de l’opposition aussi y gagnent en informations à travers une confrontation. Ce qui réjouit dans ces différentes discussions que le peuple béninois prend du plaisir à suivre c’est l’ambiance dans laquelle se déroulent les débats. Pas d’invectives ni d’attaques frontales à travers des passes d’armes oratoires. Débats d’idées liés à des visions politiques qu’on défend selon que l’on est de la mouvance ou de l’opposition. La coexistence pacifique est plaisante et l’on se demande si ce sont véritablement les politiciens qui s’affrontent souvent à distance à travers des propos peu courtois, qui sont devenus subitement si sages et pondérés sur les radios et télévisions.

Partant de ces différentes remarques, on est en mesure de dire aujourd’hui que c’est la démocratie qui gagne et qui demeure enracinée dans l’esprit de chacun et de tous. L’acceptation de l’autre et le respect de son interlocuteur sont des valeurs qu’on remarque gentiment chez les politiciens. D’aucuns auraient souhaité que le même exercice soit repris dans les langues nationales pour permettre aux populations analphabètes de mieux comprendre le sens des différents combats qui sont menés sur le plan politique. Ce que peut gagner le peuple de ces discussions très fructueuses est certainement la compréhension des réelles motivations et de la vision des uns et des autres, ce qui est reproché à l’opposition et les propositions au Chef de l’Etat. En cela, le pouvoir tout comme l’opposition tirent chacun sa part dans ces débats. En acceptant donc de participer aux débats, les ministres dévoilent leurs ambitions et font découvrir leurs erreurs par le peuple qui peut faire des propositions tout en tenant compte de ses aspirations. Quitte au pouvoir de prendre en considération les remarques et reproches en vue de l’amélioration de ses actions. Gaston Bachelard en affirmant que « la vérité est une erreur rectifiée », croit certainement qu’à partir des éventuelles erreurs soulignées, on peut atteindre le bonheur tant recherché par tous.

De façon indirecte, le peuple béninois est donc lancé dans une campagne particulière dans la perspective de 2011. Car, plus que jamais, avec les nouvelles montées au créneau, il est clair que le pays va connaître un regain d’activités politiques. Et c’est de bonne guerre parce qu’en réalité, le peuple en profite pour distinguer le bon grain de l’ivraie. Les précampagnes pour la présidentielle de 2011 sont définitivement lancées même si l’on n’a pas encore une idée claire de la liste des candidats à cette joute électorale qui s’annonce déjà très serrée. En entendant de décider du sort d’éventuels candidats, le peuple béninois assiste calmement aux agissements de la classe politique. Il observe certainement et fera le bon choix avec tout le calme, toute la perspicacité requise et toute la clairvoyance souhaitée. Un soir d’une journée du mois de mars 2011 fixera les uns et les autres.