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 « Moi ou le déluge et la mort. »Voilà en substance ce que Mouammar Kadhafi a promis à ses concitoyens libyens, dans un discours à la fois interminable et incohérent mardi. Le dictateur jouait bien évidemment sa propre survie face aux émeutes qui ont enflammé le pays depuis une semaine mais, plus que cela, il a aussi surfé sur les peurs d'une désintégration de la Libye. Comparée à la Tunisie et à l'Egypte, ses deux voisins qui ont fait leurs révolutions, la Libye n'est pas une nation homogène ; elle est traversée par des divisions tribales que Kadhafi a su à la fois maîtriser et manipuler.

« Contrairement aux autres pays de la région, le mot “tribu” est parfaitement assumé en Libye, de même que le jeu entre les grandes tribus dans le contexte politique », explique le géographe du CNRS Olivier Pliez, auteur de La Nouvelle Libye : sociétés, espaces et géopolitique au lendemain de l'embargo.

Quand Kadhafi a pris le pouvoir en 1969, il l'a fait grâce à une alliance entre sa propre (petite) tribu, les Khadaf, et deux autres plus importantes : les Warfala et les Magharha. La première, forte de près d'un million de membres aujourd'hui, est très représentée dans l'armée. « Le rôle des tribus a été très important dans la stabilité du régime », avance Luis Martinez, directeur de recherches au CERI, « car Kadhafi s'en est servi de manière politique en leur donnant du pouvoir. »

Ce type de gouvernance a aussi permis au « Renard du désert » de vanter son propre système décentralisé de « gouvernement par les masses », et de comités sociaux locaux qui forment, soi-disant, l'assise de son pouvoir. En réalité, Kadhafi gouverne seul, avec l'appui ponctuel de fidèles – ses fils, des généraux, des membres de sa tribu. Il est aussi important de noter que l'armée est une institution traversée par les allégeances tribales, la plupart des leaders tribaux étant également des officiers de haut rang, selon l'universitaire américain Diederik Vandewalle. Ce qui explique pourquoi le régime, afin de se défendre, a fait appel à des mercenaires ces derniers jours.

Car le revers de la médaille de s'appuyer sur les tribus, c'est que les alliances de ces dernières sont parfois changeantes. Les Warfala, par exemple, se sont rebellés contre Kadhafi en 1993, et ont tenté de l'assassiner. Ils ont échoué et certains de leurs dirigeants ont été exécutés ou emprisonnés.

Aujourd'hui, les Warfala ont ouvertement appelé au renversement du « révolutionnaire en chef », et il semble bien que des militaires qui en sont issus ont fait cause commune avec les manifestants dans certaines villes de l'est du pays. En gérant son pays selon ces lignes tribales, Kadhafi a évidemment privilégié des régions au détriment d'autres, sur des critères de ressentiment historique. C'est ainsi que l'est de la Libye, autrefois la base de la royauté, a été sciemment écarté de la redistribution de la manne pétrolière et des projets d'investissements. D'où son soulèvement depuis une semaine.

Si la « gestion » des tribus a servi de socle à la construction de la Libye contemporaine unifiée souhaitée par Kadhafi, il ne faut pas non plus lui accorder une importance démesurée. « L'unité s'est également construite sur la notion d'arabité », plaide Olivier Pliez. « Il ne faut pas oublier les transformations de la société en quarante ans : le fait que presque tous les Libyens vivent aujourd'hui dans des villes, que les jeunes "tiennent les murs", comme dans les autres pays du Maghreb, que la rente pétrolière soit inégalement distribuée... Tous ses facteurs jouent un rôle dans la rébellion à laquelle on assiste ces jours-ci. »

Luis Martinez ajoute : « Le rôle des tribus a été très important dans la stabilité du régime, mais aujourd'hui, il s'agit pour les gens d'une question de survie et beaucoup ne sont pas prêts à mourir pour une allégeance tribale. »

En des termes très clairs, Mouammar Kadhafi, mais aussi son fils Seif al-Islam ont parlé de risques de décomposition du pays si le « leader » venait à être déposé. La Libye est une construction artificielle, promue par l'héritage colonial, les compagnie pétrolières occidentales et la Jamahiriya de Kadhafi. Il y a également un réel déficit de société civile dans le pays, qui conduit plusieurs analystes à estimer qu'il y a un risque de voir les tribus entrer en guerre les unes contre les autres si le « ciment » fourni par le régime actuel venait à se déliter.

Dans le même temps, rien n'interdit de penser que « d'autres recompositions que celles qui existent depuis quarante ans ne puissent se recréer », comme l'envisage Luis Martinez. La Libye, forte de ses ressources pétrolières et de sa faible population, est le pays le plus riche d'Afrique du Nord. Bien gouverné, il aurait le potentiel d'être un « nouveau Dubaï », selon une expression qui revient souvent dans la bouche des spécialistes de ce pays.

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