Le Chef de l’Etat a présidé ce matin à l’installation et la 1ère rentrée solennelle de l’Académie National des Sciences, Arts et lettre du Bénin. L’Amphithéâtre Idriss DEBY ITNO a servi de cadre à cette importante cérémonie qui a connu la présence de toute la communauté Universitaire, des membres du Gouvernement et bien d’autres personnalités venues d’autres académies de part le monde. Francine TANIFEANI CHABI :
DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
INSTALLATION DE
L’ACADEMIE NATIONALE DES SCIENCES, ARTS ET LETTRES DU BENIN (ANSALB) AMPHITHEATRE IDRISS DEBY-ITNO, UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI, VENDREDI 12 AVRIL 2013
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, membre fondateur de l’Académie,
Monsieur le Président de la Haute Cour de Justice, membre fondateur,
Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, membre fondateur,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur l’Ambassadeur de la République Française près le Bénin,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,
Monsieur le Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, membre de l’Académie,
Messieurs les Doyens de facultés et Directeurs d’Instituts de formation et de recherche,
Madame la Secrétaire Perpétuelle de l’Académie de France, Doyenne des Académies du monde,
Monsieur le Président du Groupe inter-académique pour le Développement,
Monsieur le Président de l’Académie Africaine des Sciences,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Togo,
Monsieur le vice-président de l’Académie des Sciences d’Ethiopie,
Monsieur le vice-président de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal,
Monsieur le Représentant de l’Académie des Sciences du Monde en Développement,
Monsieur le Chancelier de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques,
Monsieur le président de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin,
Madame et Messieurs les membres de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin,
Mesdames et Messieurs les chercheurs et enseignants-chercheurs,
Mesdames et Messieurs les étudiants,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais d’abord remercier toutes les personnalités du monde de la science qui ont accepté de faire le déplacement de Cotonou.
Il est universellement reconnu et l’histoire l’atteste que le développement d’un pays est fortement tributaire de la qualité de ses ressources humaines et de sa capacité à promouvoir la recherche scientifique et technologique, socle et moteur de tout progrès.
Conscient de cette évidence, je soulignais, dans mon projet de société « En route pour un Bénin nouveau » citation « les mutations en cours montrent la nécessité de plus en plus forte de prendre en compte l’intelligence et la formation. Autrement dit, la nécessité de bâtir une véritable économie de la connaissance, doit permettre à la fois, l’évolution des secteurs traditionnels et la conservation des acquis comme point d’ancrage de la société béninoise. Cela doit se traduire par la création constante de l’outil de formation et d’éducation. » fin de citation.
Vous comprenez alors ma satisfaction et ma fierté de présider, devant ce parterre d’intellectuels chevronnés, la cérémonie d’installation de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin dont c’est aussi la première rentrée solennelle.
En cette heureuse circonstance, je voudrais, saluer, au nom de toute la Nation, la naissance de cette société savante et adresser mes félicitations à ses membres fondateurs pour leurs mérites et leurs efforts soutenus. Vos parcours professionnels respectifs en sont une illustration éloquente. Plusieurs parmi vous sont déjà membres d’autres académies, en Afrique ou dans les pays du nord. D’autres ont acquis une solide réputation internationale par la qualité de leurs travaux. Je saisis cette occasion pour vous remercier d’avoir contribué ainsi au rayonnement de notre pays, le Bénin.
Au regard de vos éminentes qualités, je voudrais vous dire tout l’espoir que la Nation place en vous afin que vous constituez pour les jeunes générations une référence morale et intellectuelle. J’ai la ferme conviction que ces générations qui semblent avoir perdu leurs repères, retrouveront certainement en vous un modèle.
Je voudrais aussi saluer la présence de plusieurs représentants d’académies des pays frères et amis. Leur participation à cette cérémonie nous donne l’assurance que notre institution naissante est d’ores et déjà acceptée par le cercle prestigieux des maîtres du savoir à travers le monde.
J’ai écouté avec attention vos messages d’encouragement et votre engagement à œuvrer aux côtés de vos confrères et consœurs du Bénin pour faire de notre Académie un outil majeur de diffusion scientifique et d’initiatives créatrices au profit du Bénin et de l’Afrique.
Monsieur le Président de l’Académie,
En évoquant la genèse de l’Académie, vous avez rappelé les grandes assises nationales qui en ont recommandé la création à savoir :
- l’atelier réuni en 2002 pour la validation du plan stratégique de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour la période 2002-2007,
- les Etats généraux de la Recherche scientifique et technique, organisés à Cotonou les 08 et 09 avril 2004,
- Le Conseil national de la Recherche scientifique et technique en sa session de février 2006,
- le Forum national sur le Secteur de l’Education, tenu à Cotonou du 12 au 16 février 2007 qui a souligné la nécessité de donner à la future académie, les prérogatives et privilèges nécessaires à ses activités et au rayonnement de notre pays sur le plan international.
La création de notre académie n’est donc pas un effet de mode mais répond à un besoin réel exprimé par notre communauté scientifique, et je suis heureux que vous ayez répondu à ses différents appels de façon diligente et appropriée. Au demeurant, la naissance de notre Académie nous renvoie à un passé récent où notre pays jouissait d’une grande renommée au plan intellectuel au point d’être surnommé quartier latin de l’Afrique.
Monsieur le Président de l’Académie,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, l’ambition de mon gouvernement est d’établir dans notre pays une économie du savoir susceptible de contribuer au développement du Bénin surtout dans un contexte où nous n’avons pas encore accès aux ressources de notre sous-sol. Nous devons alors faire preuve d’innovation et d’imagination créatrice en vue de la résolution des nombreux problèmes cruciaux de pauvreté qui se déclinent entre autres en termes d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’eau, à l’énergie, au foncier, au logement et d’emplois des jeunes. A ce titre, il y a lieu d’accélérer notre rythme de création de richesses en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement en harmonie avec les Objectifs du Développement Durable tout en préparant la prospérité des générations futures.
Cette nécessité d’esprit d’innovation et de créativité que je viens d’évoquer nous renvoie à la problématique du développement de l’Afrique et justifie aussi l’importance de l’événement qui nous réunit aujourd’hui.
En effet, nous connaissons tous la situation paradoxale du continent africain, qui, malgré ses énormes potentialités naturelles, énergétiques et économiques, est confronté à la pauvreté suscitant ainsi des réflexes d’afro-pessimisme sur sa capacité à trouver sa place dans le concert des grandes nations.
Mais comme le prouve l’expérience, nous devons reconnaitre que l’abondance de potentialités ne conduit pas forcément au développement d’un pays tout comme leur absence n’est pas une fatalité. Ainsi des pays dépourvus de ressources, pratiquant une gouvernance de qualité et disposant d’une bonne organisation ont pu se hisser au rang de grandes puissances grâce au génie créateur de leurs peuples et à la valeur de leurs ressources humaines. L’espoir est donc permis pour que l’Afrique gagne aussi le combat du développement et de la prospérité.
A cet égard, le rôle des élites intellectuelles me paraît capital pour penser et acter, aux côtés des dirigeants et des peuples africains, le processus du développement de notre continent. Dans ce cadre, il ne fait aucun doute que l’Académie du Bénin, de concert avec les autres académies du monde, pourra contribuer à impulser le développement durable dans notre pays et en Afrique par le biais des Sciences, des Technologies, des Arts et des Lettres. C’est pourquoi, j’exhorte notre Académie à établir un partenariat stratégique avec les autres Académies du monde et à nouer des relations de coopération interuniversitaire.
Monsieur le Président de l’Académie,
Je note avec satisfaction la mission que vous avez assignée à votre institution à savoir :
- encourager la vie scientifique, artistique et littéraire au Bénin ;
- contribuer au progrès des sciences, des arts et des lettres ;
- assurer la visibilité à l’étranger de la recherche faite au Bénin dans ces domaines ;
- étudier les questions de société liées au développement des sciences, des arts et des lettres au Bénin pour des recommandations appropriées, au besoin avec le concours d’autres Académies ;
- concourir au développement des relations scientifiques, artistiques et littéraires au niveau régional et international ;
- susciter des vocations scientifiques, artistiques et littéraires parmi les jeunes et les femmes du Bénin ;
- promouvoir l’excellence par le développement d’instituts de référence pour la recherche et l’enseignement.
Je sais que pour réaliser cette noble mission, votre jeune Académie a besoin d’être soutenue. Je voudrais ici vous donner l’assurance que mon gouvernement sera toujours à vos côtés et ne ménagera aucun effort pour vous apporter son appui dans l’exercice de vos activités d’autant que les objectifs fixés à votre académie sont en concordance avec la politique de mon gouvernement en matière d’enseignement et de recherche scientifique.
Vous venez de souligner en effet, Monsieur le Président, l’évolution positive de notre système d’enseignement dans les trois ordres avec l’intervention de plus en plus importante des privés dans l’éducation. Me limitant au seul secteur de l’Enseignement Supérieur, j’évoquerai :
· la création de plusieurs Centres universitaires à travers le territoire national,
· La mise à disposition d’infrastructures et de matériels pédagogiques au profit des étudiants,
· le recrutement de centaines de jeunes docteurs,
· l’encadrement juridique des établissements privés d’enseignement supérieur,
· l’amélioration substantielle des conditions de vie et de travail des enseignants du supérieur.
Mon gouvernement poursuivra ces efforts pour donner à notre jeunesse les structures de qualité pour sa formation et son épanouissement personnel et professionnel.
Monsieur le Président de l’Académie,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie,
Le thème de votre première rentrée solennelle, « situation énergétique au Bénin : état des lieux et perspectives » est tout à fait pertinent d’autant que la question de l’énergie représente aujourd’hui un défi majeur pour la plupart des pays africains et le reste du monde.
Comme vous le savez, l’énergie est essentielle non seulement pour la vie quotidienne des populations mais surtout comme facteur de production et aucun développement n’est envisageable sans elle.
C’est pourquoi, la résolution du problème de l’énergie fait actuellement l’objet de préoccupations de mon gouvernement.
A cet effet, des mesures sont en cours pour réduire notre forte dépendance énergétique. La construction du barrage de DOGO Bis à Kétou dont nous avons procédé à la pose de la première pierre il y a quelques jours participe de cette politique. Il en est de même des démarches très avancées en vue de la construction du barrage hydroélectrique d’Adjaralla en duo avec le peuple frère du Togo. Pour ces deux barrages, le financement est bouclé et nous en sommes aujourd’hui à la finalisation de leur mise en œuvre en vue de réduire notre dépendance énergétique. Par ailleurs, nous sommes déterminés à exploiter d’autres sources d’énergie renouvelable telles que l’énergie solaire, éolienne et la biomasse. Des négociations sont également en cours avec des pays amis, notamment la Turquie, en vue du renforcement de notre capacité énergétique.
Mais la résolution de la question de l’énergie dans nos pays africains ne peut s’effectuer sans une mutualisation de nos efforts à l’échelle régionale et continentale à travers les infrastructures d’interconnexion. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’énergie est au fronton des programmes de développement de l’Union Africaine à travers le Programme Intégré de Développement de l’Afrique (PIDA) avant les réseaux de télécommunication, les réseaux routiers, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires. Il n’est pas superflu de rappeler que l’énergie est également au centre des stratégies d’interconnexion de nos différentes Communautés Economiques Régionales à l’instar de la CEDAO. Je puis vous assurer que vos réflexions sur ce thème seront examinées avec une grande attention par mon gouvernement.
De mon point de vue, la meilleure voie pour opérer un rapprochement bénéfique entre science et société est de vous pencher sur les problèmes qui préoccupent notre société et à contribuer ainsi à son développement. A cet égard, deux des objectifs de votre Académie ont particulièrement retenu mon attention par leur conformité avec la politique que je déploie depuis plusieurs années et exprimée dans mon projet de société. Il s’agit, je cite, de « susciter des vocations scientifiques, artistiques et littéraires parmi les jeunes et les femmes du Bénin et de promouvoir l’excellence ». fin de citation.
La crise de la lecture, la baisse dramatique de certaines séries scientifiques et littéraires dans nos lycées et collèges sont des situations préoccupantes sur lesquelles vous devez porter vos réflexions. L’Etat se tient prêt pour vous donner les moyens d’atteindre ces objectifs, car aucun sacrifice n’est grand quand il s’agit de la jeunesse, et aucune société ne peut se développer harmonieusement sans la participation de la femme au processus de création de richesses.
Monsieur le Président,
Madame, Messieurs les Académiciens,
Mesdames et Messieurs
Je reste persuadé que l’avenir appartient à l’Afrique et que la flamme allumée par la création de cette Académie, éclairera les voies qui mèneront à un développement économique et social de notre continent en général et du Bénin en particulier.
Avant de finir, je voudrais remercier encore nos invités et adresser mes salutations à toute la Communauté universitaire du Bénin : Etudiants, enseignants et personnel de soutien. Vous pouvez compter sur ma détermination à vous accompagner.
En ma qualité de parrain de votre académie, je déclare effective, ce jour 12 avril 2013, l’installation et la première rentrée solennelle de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin.
Vive l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin !
Vive la communauté scientifique internationale !
Vive l’Afrique !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.